La Gruyère 19.10.2006 – Centenaire de la Fanfare de Siviriez


Article du 19 octobre 2006
dans le journal La Gruyère,
Yves-Laurent Blanc

La Fanfare paroissiale de Siviriez fête son centenaire ce week-end. Rares sont les villages qui abritent un brass band de catégorie excellence. La formation glânoise peut compter sur la passion communicative de son chef Laurent Carrel pour maintenir son niveau.

Laurent Carrel: «Ma philosophie? Ne pas diriger que des virtuoses, mais intégrer les musiciens de tout niveau et avoir du plaisir à jouer»

Un brass band de catégorie excellence dans un village d’environ 2000 habitants: la fanfare paroissiale de Siviriez, qui fête ce week-end son 100e anniversaire, dispose d’un statut particulier dans le milieu de la musique de cuivre. A la baguette depuis neuf ans, Laurent Carrel n’est pas étranger au niveau atteint par la société glânoise. Le chef de 43 ans est également directeur des cadets et professeur au Conservatoire de Fribourg depuis plus de vingt ans.

Habitant une ferme qu’il a lui-même entièrement rénovée, sur les hauts de Siviriez, Laurent Carrel est issu d’une famille de musiciens – plusieurs de ses cinq oncles jouent encore au sein du brass band. A l’âge de 7 ans, cet enfant du village intègre le corps des cadets dès sa création, en 1970. «La fanfare était au plus mal et a réagi en misant sur la formation de jeunes musiciens, raconte-t-il. Après une année, 40 enfants en faisaient partie!».

Le système fonctionne bien et, en 1975 déjà, quelques élèves particulièrement doués sont envoyés au Conservatoire de Fribourg. «Pour une fanfare de village, ce n’était pas courant à l’époque. Mais il y avait de vrais talents, comme Benoît Nicolet, Eric Conus ou Jean-Daniel Carrel. Je les ai suivis, à 14 ans, en incorporant la classe de cornet à pistons de Philippe Beaud». S’il ne s’avoue pas séduit à l’idée de suivre ces cours, Laurent Carrel remarque cependant qu’il n’est, selon ses dires, «pas si mauvais». L’ambition et la motivation vont alors crescendo.

Sa carrière s’accélère entre 1979 et 1980. «Notre cornet solo, Benoît Nicolet, jouait dans un orchestre à Schaffhouse et n’était pas toujours présent aux répétitions. Du coup, j’ai dû le remplacer. Cela m’a motivé à travailler plus». En outre, Laurent Carrel se révèle plus intéressé par les partitions et les balades dans la nature que par ses études au CO. Son professeur de musique lui conseille de suivre alors un apprentissage, afin d’avoir plus de temps pour travailler la musique. Une fois sa formation de mécanicien agricole entamée, le Glânois entreprend des cours de solfège, entre au Brass Band de Fribourg, et reprend la direction des cours de l’école de musique de la fanfare de Siviriez. «Il y avait peu d’élèves à ce moment-là, se souvient-il. Les cadets étaient au plus mal. Avec quelques collègues, nous avons visité chacune des maisons du village pour prospecter.
Les gens ont bien accueilli cette démarche, et au final nous avons gagné six nouveaux élèves. Si nous n’avions pas fait ça, allez savoir ce qu’il serait advenu des cadets…»

Ses études de musicien professionnel, Laurent Carrel les entreprend en 1985. L’occasion pour lui d’encourager à son tour ses propres élèves de Siviriez à entrer au conservatoire. Quatre ans après, diplôme d’études en poche, il reprend une classe complète de cornet au sein de l’établissement fribourgeois. «J’y enseigne toujours à 100%, et elle n’a jamais désempli depuis», observe-t-il.

En 1998, Laurent Carrel prend la baguette de la Fanfare paroissiale de Siviriez. Sous sa direction, les cinquante musiciens ont obtenu de glorieux résultats. «La Fête fédérale des musiques de Fribourg en 2001 constitue un de mes meilleurs souvenirs. Dans une aula archicomble, le public a bissé notre pièce imposée!».

Mais comment un brass band de village peut-il survivre en catégorie excellence depuis maintenant vingt-six ans? Laurent Carrel reste humble: «Il y a toujours eu des instrumentistes de talent à Siviriez. Nos jeunes sont aussi très forts. Ma philosophie? Ne pas diriger que des virtuoses, mais intégrer les musiciens de tout niveau et avoir du plaisir à jouer. Et si certains ont de la peine, j’arrange un peu les partitions». Nul doute cependant que le directeur sait transmettre son enthousiasme, et que les efforts consentis pour maintenir la politique de formation grâce au corps des cadets ne sont pas étrangers au succès de la Fanfare paroissiale de Siviriez. En outre, l’ensemble bénéficie d’un excellent soutien des institutions communales. Et Laurent Carrel, qui n’a suivi de cours de direction qu’à l’école de sous-officiers, de conclure: «Si les gens ont confiance en ce que je fais, la passion se transmet d’elle-même». Et dire que, si dans sa jeunesse il avait été meilleur footballeur, il n’aurait jamais fait de musique…

Des festivités plus intimes
Composée d’une cinquantaine de musiciens, la Fanfare paroissiale de Siviriez possède un historique des plus riches. Elle voit le jour en mai 1906, sous l’impulsion de l’instituteur Alexandre Maillard. Les statuts sont établis autour d’une verrée, dans le local de répétition situé sous l’église.

Les cent années suivantes comportent de nombreuses participations à des fêtes de musique diverses, que ce soit des girons ou des concours cantonaux et nationaux. Autres moments marquants: la formation du corps des cadets, en 1970, et la venue de Claude François lors de la Fête des musiques du giron de la Glâne, cinq ans plus tard. En 1980, la fanfare ouvre les portes de la catégorie excellence. Depuis, elle continue son chemin, jusqu’à son 100e anniversaire, célébré ce week-end. Selon le président Marc-Hubert Giroud, la fête se veut simple. Un grand loto aura lieu ce vendredi, à la salle communale, à 20 h. Le concert de gala de la fanfare se déroulera au même endroit, samedi, à 20h. Quant à la journée officielle du centième de dimanche, elle débutera devant la salle communale à 9 h 15. Après la procession, une messe solennelle sera célébrée en l’église de Siviriez, à 10 h, avec la participation du brass band du village et de chœurs mixtes. Suivra la cérémonie du souvenir, puis un apéritif sera offert à la population. Le banquet officiel, animé par les chœurs mixtes de Siviriez et de Villaraboud, se déroulera à 12 h 30.